Le coût de revient prévisionnel : c’est quoi ?

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Lorsque l’on réalise une vente – qu’elle soit standard ou sur-mesure – il est primordial d’en connaître au préalable le coût total prévisionnel (ou le coût de revient prévisionnel). D’où l’intérêt, notamment, de réaliser un devis complet et détaillé, lorsque le client demande quelque chose de personnalisé ou de particulier.

Mais qu’est-ce qu’un coût de revient exactement ?

De quoi est-il constitué ?

Quelles sont les principales étapes de calcul à respecter ?

Comment savoir si un coût de revient est pertinent et juste ?

Pour rappel, un coût de revient (ou coût total) est la somme de toutes les charges et tous les coûts consommés par l’entreprise pour réaliser une vente, de la prise de commande jusqu’à la livraison au client.

Ces charges sont de différentes natures et peuvent concerner directement ou indirectement la vente proprement dite. En conséquence et contrairement aux idées reçues, un coût de revient n’est pas un élément financier unique en soi, mais la combinaison ordonnancée de plusieurs éléments économiques. Ce qui transforme ainsi le coût de revient en une sorte de « mille-feuille » financier.

  1. Le contenu du coût de revient

De manière générale, un coût de revient est décomposé en trois catégories de coûts ou de charges.

Ces charges sont :

– les charges variables, dont l’ensemble constitue le coût variable ;

– les charges fixes directes (encore appelées les « charges spécifiques »), dont la somme donne le coût spécifique ;

– les charges fixes indirectes (encore nommées les « charges de structure »), dont le total correspond au coût de structure.

Le coût variable rassemble l’ensemble des charges qui varient en fonction ou proportionnellement aux quantités vendues : matières premières, composants, accessoires, emballages, frais de transport, etc..

Le coût spécifique représente l’ensemble des charges fixes (c-a-d des charges qui ne varient pas en fonction des quantités vendues) consommées directement par un produit ou une famille de produits déterminée, un client ou une catégorie de clients particulière, une vente donnée ou bien une fonction précise de l’entreprise (marketing, direction générale, production, qualité, logistique, comptabilité, maintenance, ressources humaines, etc.), que cette dernière soit interne à l’entreprise ou externalisée : prestations de sous-traitance, honoraires de conseil en marketing, formation du personnel de la production, salaires et charges sociales, amortissements d’immobilisations corporelles ou incorporelles utilisées pour une famille de produits déterminée et/ou par une fonction de l’entreprise clairement identifiée, etc.

Le coût de structure correspond à la somme des charges fixes consommées indirectement par l’ensemble des ventes de l’entreprise, sans distinction possible (répartition indéfinissable dans l’immédiat) : loyers, charges locatives, impôts et taxes, assurances multirisques, frais de sécurité et de gardiennage, frais de réparation ou d’entretien des locaux, etc.

Quelle que soit la méthode de calcul de coûts choisie, il est nécessaire de toujours respecter un certain nombre d’étapes, afin de ne pas perdre de temps et d’éviter de faire l’impasse sur un point important.

Parmi ces étapes, les plus essentielles sont :

– 1°) Inventorier toutes les charges et les investissements de l’entreprise nécessaires à son fonctionnement normal.

– 2°) Répartir les charges et les amortissements des investissements en charges variables, spécifiques et de structure.

– 3°) Définir et analyser le processus de fabrication et de commercialisation de chaque produit ou famille de produits de l’entreprise.

– 4°) Définir les différentes catégories de clients de l’entreprise.

– 5°) Identifier, pour chaque famille de produits, les différents types de clients concernés, afin de définir – si nécessaire – les couples « produits/types de clients » (encore appelés couples « produit/marché »).

– 6°) Répartir les charges variables et les charges spécifiques sur chaque famille de produits ou segment « produit/marché », en fonction des résultats de l’analyse économique des processus (réalisée à l’étape n°3).

– 7°) Rechercher une clé de répartition pertinente, pour répartir, de la manière la plus objective possible, les charges de structure sur chaque famille de produits (ou segment « produit/marché »).

– 8°) Répartir les charges de structure en fonction de la clé de répartition précédemment retenue.

– 9°) Pour chaque famille de produits (ou segment « produit/marché »), additionner toutes les charges par nature, afin d’obtenir un coût variable, spécifique et de structure.

– 10°) Évaluer le coût de revient de chaque famille de produits (ou couple « produit/marché »), en faisant la somme : coût variable + coût spécifique + coût de structure.

  1. Vérification de la pertinence

Une fois les coûts de revient prévisionnels calculés, il est aussi primordial de s’assurer de leur réel degré de justesse et de pertinence.

Pour ce faire, la démarche la plus simple et la plus efficace est d’appliquer leur calcul à toutes les ventes attendues sur la première année d’activité de l’entreprise. Cela de manière à vérifier que le total des coûts de revient de chaque vente prévue correspond bien au montant des charges annuelles prévisionnelles évaluées lors de la première étape.

S’il apparaît un écart élevé entre les deux montants, ceci signifie qu’il y a une erreur de calcul ou que la méthode retenue n’est pas véritablement adaptée à l’entreprise.

Une fois cette étape réalisée, la vérification ne s’arrête pas là, loin s’en faut. Il faut aussi confronter ces données prévisionnelles à celles obtenues après la réalisation effective des ventes.

Dans ce cas, il est nécessaire d’avoir un rythme de contrôle mensuel (puis par la suite trimestriel), afin de pouvoir faire face rapidement à tout risque d’erreur de calcul, ainsi qu’aux éventuels risques de dérapages financiers non prévus : investissements sous-estimés, charges plus élevées que prévu, frais supplémentaires imprévisibles, etc.

Pour finir, il ne faut jamais oublier qu’une méthode de calcul de coûts doit être régulièrement réactualisée, dans la mesure où l’activité économique et commerciale des petites entreprises doit évoluer de plus en plus vite. Ce qui rend leurs marges de manœuvre de plus en plus réduite, notamment vis-à-vis de la concurrence des grandes entreprises et des PME étrangères. D’où le double intérêt d’avoir des coûts de revient les plus justes et les plus pertinents possibles, de manière à éviter de réaliser des ventes à perte non désirées et à pouvoir réajuster ses prix de vente en fonction de la saisonnalité de l’activité, de la conjoncture économique et des prix pratiqués par la concurrence directe.