Six critères pour passer le cap des cinq ans

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52% des entreprises françaises étaient toujours en activité cinq ans après leur création, d’après une étude de l’Insee. Les facteurs de réussite : un investissement initial important, un statut de société, un créateur diplômé et expérimenté… Point noir, les entreprises créées par des chômeurs cessent plus rapidement.

Capucine Cousin | LEntreprise.com | Mis en ligne le 14/01/2010

Plus d’une entreprise sur deux est encore en activité cinq ans après sa création : voilà le principal constat d’une étude de l’Insee publiée le 14 janvier. De fait, d’après cette étude portant sur la période 2002 – 2007, 52% des 215 000 entreprises créées en 2002 existaient toujours en 2007.

Une étude (résumé disponible ici) qui permet d’avoir un aperçu des conditions favorisant la pérennité d’une entreprise, sur une période plus longue que d’autres études, qui s’intéressent au devenir des entreprises dans les trois ans suivant leur création. D’après la dernière étude de l’APCE, ce sont 66 % des dirigeants qui réussissent à souffler leur troisième bougie (voir l’article).

Investissement initial, statut de l’entreprise…

Premier facteur de longévité que distingue l’étude de l’Insee, l’investissement initial du créateur : plus cet investissement initial (par exemple dans l’achat de matériel, la constitution de stocks ) est important, plus cela favorise la pérennité de l’entreprise.

Les entreprises créées avec moins de 80 000 euros d’investissement ont 67% de chances de survie à 5 ans, contre… 46% pour celles créées avec moins de 2 000 euros, d’après l’étude. Dans les faits, 21% des entreprises se lancent avec moins de 2000 euros de capital initial, et seules 14% avec au moins 40 000 euros.

D’ailleurs, c’est en embauchant, en exportant… que l’entreprise connaît une certaine continuité. « Les entreprises qui réussissent grossissent : celles qui existent encore au bout de 5 ans comptent en moyenne 3,2 salariés », note Philippe Brion, chef du développement répertoires, infrastructures et statistiques structurelles à l’Insee.

Autre facteur de pérennité, le statut choisi par le créateur pour son entreprise : l’étude de l’Insee montre clairement que le statut d’entreprise individuelle – définition – est le plus fréquemment retenu (55% des entreprises se montent en nom propres…). Alors qu’elles sont les plus fragiles : à tel point que les sociétés ont 2,6 fois plus de chances de franchir le cap de la première année que les entreprises individuelles. Preuve que le statut de société est plus solide.

Le succès de l’entreprise dépend aussi, forcément, du profil de l’entrepreneur : « dans un premier temps, son diplôme est le plus important. Mais au fil des années, son niveau d’expérience professionnelle prime », résume Philippe Brion. De fait, pour les entrepreneurs diplômés de l’enseignement supérieur (32% des créateurs), près de 6 sur 10 franchissent le seuil des 5 ans.

Autre facteur important, l’expérience en termes de création d’entreprise : une entreprise aura 20% de plus de chances de survivre si elle est portée par un entrepreneurs qui n’en n’est pas à sa première création d’entreprise.

Plus de risques d’échecs pour les chômeurs – créateurs d’entreprises

Le point noir en la matière : le statut de chômeur est le plus pénalisant pour les créateurs d’entreprises. C’est la première fois que cette étude, réalisée régulièrement, révèle le chômage comme facteur fragilisant.

En 2002, 34% des entreprises ont été créées par des chômeurs : or, « ils créent plus souvent que d’autres créateurs dans les secteurs de la construction , du commerce de détail et des réparations, secteurs plus fragiles que le conseil et l’assistance », explique Philippe Brion.

Et ce malgré les dispositifs d’aides publique à la création ou la reprise d’entreprise pour les chômeurs, l’Accre (exonération du paiement des cotisations sociales pour la première ou seconde année de l’entreprise) ou le Nacre (avance remboursable de 10 000 € et conseil).

Quels secteurs sont les moins risqués pour créer son entreprise ?

Une entreprise sur 4 se crée dans le secteur du commerce. Mais au final, le secteur des services aux entreprises est le plus pérenne (54% se maintiennent au-delà de 5 ans), tout comme celui des transports (62% d’entreprises encore actives au-delà de 5 ans), d’après l’étude. Contrairement à ceux du commerce (seuls 46% des commerces étaient encore en activité en 2007), des services aux particuliers, et des industries agroalimentaires (49% encore existants en 2007).

Des « recettes » à prendre en compte pour tout créateur d’entreprise, donc. Mais la donne pourrait évoluer : cette étude a été réalisée jusqu’en 2007, donc avant l’entrée en vigueur du statut d’auto-entrepreneur (au 1er janvier 2009 – voir notre dossier), qui a bouleversé les schémas d’entrepreneuriat. Ce statut, qui permet aux étudiants, salariés, chômeurs ou retraités de développer une activité économique avec un cadre simplifié, est-il adapté pour lancer une entreprise pérenne. Encore difficile de le mesurer. Précisément, l’Insee va réaliser cette année une étude sur les auto-entrepreneurs.