Pourquoi résoudre des problèmes nous rend heureux

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  • Dernière modification de la publication :19 mars 2025
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Nous avons tous un nombre limité de jetons de préoccupation à dépenser chaque jour, et la plupart d’entre nous les gaspillent sur des futilités qui ne méritent pas notre attention. Le bonheur n’est pas l’absence de problèmes, mais plutôt l’art de choisir les bons problèmes à résoudre, ceux qui s’alignent avec nos valeurs profondes. Cette perspective change tout : elle transforme notre rapport à l’échec, à la responsabilité, et en définitive, à notre propre mortalité.

La subtilité de choisir ses combats

Imaginez que vous avez 100 jetons de “préoccupation” à dépenser chaque jour. Pas un de plus. Chaque fois que vous vous inquiétez pour quelque chose, pouf — un jeton disparaît. Le problème ? La plupart d’entre nous distribuent ces précieux jetons comme un enfant de cinq ans qui lance des miettes aux pigeons. Un peu partout. Sans réfléchir.

“Oh non, mes cheveux sont bizarres aujourd’hui !” pouf “Ce mec m’a coupé la route, quel *@$#!” pouf “J’ai l’air stupide dans cette photo Instagram de 2017 que personne ne regarde jamais !” pouf

Et puis, au moment où quelque chose d’important arrive — quelque chose qui mérite VRAIMENT un jeton — votre poche est vide. Oups.

Voilà le paradoxe délicieux que Manson nous présente : ne pas se soucier de certaines choses est en fait la clé pour se soucier efficacement des bonnes choses. Ce n’est pas l’indifférence totale (ce serait de la psychopathie), mais plutôt l’art d’être sélectif avec notre attention et notre énergie émotionnelle.

Et puisque nous allons tous mourir bientôt (désolé de vous le rappeler), nous n’avons qu’une quantité limitée de “soucis” à distribuer. Choisir de ne pas se soucier des choses triviales nous libère pour les choses qui comptent vraiment selon nos valeurs personnelles.

C’est comme trier votre garde-robe mentale : “Cette anxiété ne me procure plus de joie, je m’en débarrasse !”

Le bonheur se trouve dans la résolution des problèmes

Attention révélation : vous n’atteindrez jamais un état où tous vos problèmes disparaissent pour toujours. Désolé de briser vos rêves. 🤷‍♂️

L’idée que le bonheur viendrait d’une vie sans problèmes est comme croire qu’on peut atteindre la forme physique parfaite en restant immobile sur le canapé. C’est exactement le contraire qui est vrai.

Le bonheur n’est pas l’absence de problèmes — c’est l’acte de résoudre des problèmes que vous appréciez. Pensez-y : les moments où vous vous sentez le plus vivant et satisfait sont généralement quand vous surmontez des obstacles, pas quand vous êtes en mode légume devant Netflix (bien que ça soit agréable aussi, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit).

Notre cerveau est programmé pour résoudre des problèmes. C’est littéralement notre atout majeur en tant qu’espèce. Quand on ne nous donne pas de vrais problèmes à résoudre, nous en inventons ! C’est pourquoi certaines personnes privilégiées transforment des inconvénients mineurs en crises existentielles — leur cerveau a besoin de quelque chose à faire.

“Mais attends,” vous pensez, “je veux juste être heureux sans effort !” Malheureusement, c’est comme vouloir les muscles d’un athlète olympique sans jamais transpirer. Les émotions positives ne sont pas un état permanent à atteindre, mais la récompense biologique pour avoir pris des actions bénéfiques.

Le vrai bonheur se trouve dans le choix conscient des problèmes que vous aimez résoudre. Vous préférez les problèmes d’un artiste affamé ou ceux d’un banquier stressé ? Les deux chemins impliquent des problèmes, mais lesquels vous semblent valoir la peine ?

Prendre la responsabilité de sa vie

Imaginez deux scénarios :

Scénario A : Quelqu’un pointe une arme sur vous et vous force à courir un marathon. Scénario B : Vous choisissez de courir un marathon avec votre famille qui vous encourage.

La distance ? Identique. La douleur physique ? Probablement similaire. Mais l’expérience émotionnelle ? Complètement différente.

Voilà la distinction cruciale : quand nous choisissons nos problèmes, nous nous sentons puissants. Quand les problèmes nous sont imposés, nous nous sentons victimes.

La responsabilité n’est pas la même chose que la faute. Si vous trouvez un bébé abandonné devant votre porte, ce n’est pas votre faute, mais ça devient votre responsabilité. La faute concerne le passé. La responsabilité concerne le présent et l’avenir.

Prenons l’exemple de William James, le père de la psychologie américaine. Né avec une myriade de problèmes de santé, il a pris une décision radicale : pendant un an, il agirait comme s’il était entièrement responsable de sa vie, faisant tout son possible pour améliorer sa situation. Si rien ne s’améliorait, il se suiciderait. James est devenu ensuite un professeur respecté à Harvard, s’est marié et a eu cinq enfants.

Lorsque nous prenons la responsabilité de notre vie — même pour des circonstances qui ne sont pas notre faute — nous gagnons du pouvoir. Ou comme on pourrait le dire : “avec une grande responsabilité vient un grand pouvoir” (oui, j’ai inversé la citation, ce n’est pas une erreur).

Le blâme peut procurer une euphorie temporaire, une sensation de supériorité morale. Mais c’est comme manger un paquet entier de cookies — satisfaisant sur le moment, mais vous vous sentez terriblement mal après.

Accepter les échecs comme chemin vers la croissance

Si quelqu’un est meilleur que vous dans un domaine, il y a de fortes chances qu’il ait échoué plus souvent que vous. Les échecs sont les marches de l’escalier vers la maîtrise.

La plupart d’entre nous atteignent un point où nous avons tellement peur d’échouer que nous nous cantonnons à ce que nous connaissons déjà. Nous nous disons : “Je suis nul en maths” ou “Je ne suis pas une personne créative” et nous arrêtons d’essayer. Mais c’est exactement ce qui nous empêche de progresser.

Nos changements de perspective les plus radicaux se produisent généralement après nos pires moments. C’est seulement quand nous ressentons une douleur intense que nous sommes prêts à examiner nos valeurs et à nous demander pourquoi elles semblent nous faire défaut.

Un conseil contre-intuitif : n’attendez pas la motivation pour agir. L’action précède souvent la motivation, pas l’inverse. La plupart des gens restent assis à attendre l’inspiration, mais c’est en fait une boucle : vos actions créent des réactions émotionnelles et des inspirations, qui peuvent ensuite vous motiver à entreprendre d’autres actions.

Souvent, se forcer à faire quelque chose, même la plus petite tâche, rend les tâches plus importantes moins intimidantes. Si vous changez votre mesure de succès pour simplement “faire quelque chose”, alors l’échec devient moins important. Toute action est considérée comme un progrès.

La confrontation avec la mortalité comme source de sens

Imagine-t-on Sisyphe heureux ? Camus pensait que oui. Mais pourquoi se donner la peine de pousser le rocher si, de toute façon, il redescendra ? Parce que l’alternative — ne rien faire — n’a pas plus de sens.

La mort donne du sens à la vie. Sans elle, tout semblerait inconséquent. Les stoïciens anciens nous conseillaient de garder la mort à l’esprit en permanence, non pas pour nous déprimer, mais pour mieux apprécier la vie et rester humbles face aux adversités.

Ernest Becker, dans son livre “Le Déni de la mort”, explique que les humains sont les seuls animaux conscients de leur propre mortalité. Cette prise de conscience crée une anxiété existentielle qui sous-tend tout ce que nous pensons ou faisons. Pour compenser, nous essayons de rendre nos “moi conceptuels” immortels — en mettant nos noms sur des bâtiments, en créant de l’art, ou en ayant des enfants. Ce sont nos “projets d’immortalité”.

La religion, la politique, le sport, l’art et l’innovation sont tous le résultat de ces projets d’immortalité. Les guerres et les meurtres de masse se produisent quand les projets d’immortalité d’un groupe entrent en conflit avec ceux d’un autre groupe.

La seule façon d’être à l’aise avec la mort est de choisir des valeurs qui dépassent le simple service de soi-même. Aristote, Jésus, les Beatles et les psychologues de Harvard s’accordent tous à dire que le bonheur vient du fait de se soucier de quelque chose de plus grand que soi-même.

Mais n’oublions jamais : “Nous allons tous mourir, tous. Quel cirque ! Rien que cela devrait nous faire nous aimer les uns les autres, mais ce n’est pas le cas.” — Charles Bukowski

Conclusion

Chaque matin, nous avons le choix : dépenser nos précieux jetons de préoccupation sur des futilités, ou les investir dans ce qui compte vraiment selon nos valeurs. En choisissant nos batailles, en embrassant les bons problèmes, et en acceptant notre mortalité, nous trouvons paradoxalement plus de liberté et de sens. La vie n’est pas une quête d’absence de difficultés, mais une danse avec les défis que nous choisissons d’affronter.